Les escargots comme bioindicateurs de la santé environnementale
Les escargots sont aujourd’hui utilisés comme indicateurs biologiques pour évaluer l’état de l’environnement. Leur biologie les rend sensibles à la présence de contaminants dans le sol, l’air ou la végétation, offrant une lecture utile et mesurable des milieux naturels comme agricoles.
Les escargots comme bioindicateurs
Un indicateur biologique correspond à un organisme vivant offrant une information sur le fonctionnement d’un milieu donné. On distingue les indicateurs d’accumulation — qui concentrent des éléments de leur environnement — et les indicateurs d’effet, qui mettent en évidence l’augmentation ou les modifications biologiques liées à des expositions.
Les escargots présentent certaines caractéristiques intéressantes pour jouer ce rôle :
- Ils évoluent dans des zones où sol, végétation et atmosphère interagissent, ce qui les expose à des substances variées (métaux lourds, produits chimiques agricoles ou industriels)[2][3].
- Leur alimentation à base de végétation et de débris organiques permet d’absorber des contaminants présents dans ces supports.
- Ils vivent plus longtemps que d’autres invertébrés, ce qui permet d’analyser des traces accumulées au fil du temps.
- Ils conservent dans leurs tissus certaines substances absorbées, ce qui aide à quantifier la pollution locale.
Ces propriétés permettent aux escargots d’être employés dans des démarches d’évaluation de la qualité des sols et d’observer la répartition biologique des contaminants.
Méthodes d’utilisation des escargots
L’usage des escargots comme indicateurs s’appuie sur deux approches principales : l’expérimentation contrôlée et l’observation en contexte réel.
En laboratoire, des escargots, souvent de l’espèce Petit gris, sont placés en présence de certaines substances pendant environ 28 jours. Les chercheurs surveillent leur évolution corporelle, leur reproduction et la présence de substances chimiques dans leurs tissus. Cette méthodologie suit un protocole formalisé par les exigences de REACH lors de l’étude de substances chimiques destinées à l’industrie.
Sur le terrain, les spécialistes appliquent deux types de suivi :
- Indication passive : prélèvement d’escargots déjà présents sur un site qu’on souhaite analyser.
- Indication active : déploiement d’escargots élevés à l’écart de toute exposition préalable sur des sites à surveiller, pour observer leur état après une période définie.
Ces méthodes mesurent aussi bien les taux de croissance que la physiologie ou les concentrations de substances dans les tissus. Elles permettent d’obtenir une vision plus complète de la situation environnementale, même avec des concentrations relativement faibles ou irrégulières.
Frédéric Gimbert, enseignant-chercheur à l’université de Franche-Comté et membre du laboratoire Chrono-environnement, fait état de l’intérêt d’utiliser des escargots dans les études environnementales. D’après lui :
« L’escargot présente une sensibilité utile à la qualité du sol et de l’air. Sa place entre le sol, les plantes et l’atmosphère, ainsi que sa réaction mesurable, en font un modèle intéressant pour évaluer des pressions industrielles, agricoles ou minières.»
Les recherches menées en Bourgogne-Franche-Comté mettent en évidence l’utilité de cette méthode à la fois pour observer des sites ayant subi des perturbations et pour adapter les pratiques agricoles dans une perspective environnementale.
Comparaison des escargots avec d’autres bioindicateurs
Indicateur biologique | Sensibilité aux substances | Facilité d’usage | Milieux concernés | Coût |
---|---|---|---|---|
Escargots | Relativement bonne (substances chimiques diverses) | Moyenne (élevage et suivi nécessaires) | Sols, végétation, atmosphère | Modéré |
Vers de terre | Correcte (métaux lourds, polluants du sol) | Plus simple (manipulation directe) | Terrains agricoles, milieux urbains | Faible |
Lichens | Très sensible (pollution aérienne, dioxyde de soufre) | Élevée (pas de soins requis) | Milieux atmosphériques uniquement | Faible |
Ce tableau fait apparaître que les escargots ont une capacité à refléter des situations de pollution dans plusieurs compartiments simultanément, alors que d’autres indicateurs se limitent souvent à des contextes précis.
Applications pratiques
Les escargots figurent désormais dans divers plans de suivi des sols dans différentes zones de France. Ils sont mobilisés, par exemple, dans certains programmes de recherche financés par l’ADEME ainsi que dans le projet universitaire Ecobiosoil Univ Rennes. Plusieurs enquêtes confirment leur aptitude à identifier la présence de substances comme le plomb, le cadmium ou encore certains produits phytosanitaires.
Études quantitatives : Des mesures montrent parfois dans les tissus des escargots des valeurs de métaux jusqu’à dix fois plus élevées que celles observées sur d’autres espèces locales vivant dans le même environnement, amenant des éléments sur la distribution spatiale des polluants.
Dans le cadre d’une agriculture qui cherche à réduire ses pressions, les escargots peuvent donner une alerte lorsque des polluants invisibles sont présents. Leurs données permettent alors de revoir le type d’intrants utilisés, les rotations culturales, ou encore les zones banalisées.
Leur association à des pistes de gestion des sols dans une optique environnementale alimente également des actions éducatives visant les producteurs, les institutions et les citoyens curieux des enjeux écologiques liés à la qualité du sol.
Des efforts à l’échelle locale, notamment en Bourgogne-Franche-Comté et en Franche-Comté, montrent qu’il est possible d’utiliser ces données issues des escargots pour organiser la mise en valeur du territoire ou renforcer l’attention portée à la biodiversité.
Ils peuvent être recueillis sur site ou introduits sur une zone sélectionnée. Ils sont ensuite étudiés en laboratoire afin de repérer les substances présentes dans leurs tissus.
Leur polyvalence environnementale et leur aptitude à accumuler plusieurs types de polluants leur donnent une place intéressante dans les démarches de surveillance, notamment là où des végétaux ou autres animaux sont moins adaptés.
Leur gestion en laboratoire peut demander un peu plus d’attention, et les résultats peuvent varier selon l’espèce utilisée ou les conditions naturelles dans lesquelles ils sont placés.
Oui, ils sont de plus en plus utilisés dans les fermes pour surveiller l’état des sols et appuyer les décisions sur les pratiques agricoles à adapter.
Les escargots apparaissent comme des indicateurs pertinents dans la lecture de l’état environnemental des sols. Leur capacité à intégrer divers types de contaminants leur permet d’être mobilisés dans plusieurs contextes professionnels, éducatifs ou scientifiques. Leur emploi dans les systèmes agricoles et territoriaux s’inscrit aujourd’hui dans des mesures favorisant des approches prudentes vis-à-vis de l’environnement.
Sources de l’article
- https://agriculture.gouv.fr/la-production-descargots-en-france
- https://agriculture.gouv.fr/la-certification-en-agriculture-biologique